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Quelles que soient nos sympathies politiques, et l’éventuelle antipathie que le personnage nous inspire, la condamnation de Nicolas Sarkozy ne peut pas nous réjouir. En effet, il a été le président de la République française pendant cinq ans, élu du suffrage universel et, à ce titre, plus haut magistrat de France. Tout ceci, évidemment, ne l’exonère d’aucune responsabilité, bien au contraire. Car, si la condamnation vise l’homme et citoyen Sarkozy, soumis aux lois de la République dans une stricte égalité de tous et toutes, elle atteint aussi la fonction qu’il a occupée et donc l’honneur même de la République et, par là même, le nôtre.
C’est d’ailleurs en raison de l’extrême gravité des faits que sa condamnation est lourde – cinq années de prison – et soumise à exécution provisoire, ce qui signifie qu’il devra s’y soumettre avant que les diverses procédures d’appel auxquelles il a droit soient épuisées.
Si le consensus est très puissant sur le fait que la justice ne peut ni ne doit faire de distinguo entre les justiciables, il reste que ce jugement laisse un sentiment mitigé. En effet, jusqu’alors, dans les différentes procédures visant Nicolas Sarkozy, dont un jugement confirmé et exécuté dans l’affaire dite « Bismuth », il était question de filouteries, certes pas très ragoûtantes, mais qui ne nous étonnaient guère. Le jugement prononcé le jeudi 25 septembre décrit un homme politique de premier plan, alors ministre de l’Intérieur, prêt à accepter beaucoup d’argent de la part d’une puissance étrangère, non seulement ennemie de la France, mais identifiée comme criminelle et terroriste, afin d’être élu. Ce n’est plus de la filouterie, c’est une forfaiture et un déshonneur comme on en a rarement connu dans l’histoire de notre pays.
Dès lors, nous voudrions que la sanction soit à la hauteur de la faute, nette et sans bavure – indignité nationale, internement perpétuel… Mais le jugement, au bout du compte, faisant le constat qu’il n’a pas été trouvé d’éléments suffisants pour prouver la corruption, retient l’association de malfaiteurs. Et c’est là que le trouble nous prend ; car il s’agit de notre honneur, celui de la France, et nous avons bien le sentiment que c’est trop ou pas assez. Trop s’il y a un doute, pas assez si les faits sont avérés. Tout cela laisse en bouche un amer goût de cendres…
Christine Pedotti
Photo Jacques Paquier, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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