mercredi 27 septembre 2023

Les migrants ne gouvernent pas le monde

 


Les migrants ne sont pas maires, conseillers départementaux, régionnaux. Ils ne sont pas députés, sénateurs, ministres. Aucun d'entre eux n'est premier ministre, président de quoi que ce soit ni ministre de quoi que ce soit. Ils ne sont pas directeurs de banques, pdg de multinationales. Certains d'entre eux n'ont plus d'existence légale, de patrie. Nul ne sait vraiment en France combien ils sont en situation irrégulière et surtout combien d'enfants sont là sur le territoire français "sans papiers".

J'ai donc demandé à Chatbot GPT de m'aider à écrire un article pour défendre les migrants accusés de tous les maux de la terre. C'est une application que nous pouvons consulter gratuitement si nous avons un smartphone ou un ordi connecté sur internet. A chaque question que nous posons l'intelligence artificielle répond par une synthèse de ce qui existe sur tous les ordis connectés à internet  sur la question posée.

Voici un aperçu de nos échanges:

Chatbot GPT: "Sélectionnez la situation dans laquelle l'intelligence artificielle de Chatbot GPT peut vous aider."

Jean-François Sadys: "Me donner des idées d'articles"

C.GPT: "Combien d'articles voulez-vous écrire?"

JFS: "Aujourd'hui un seul."

C.GPT: "Décrivez le sujet ou le concept sur lequel vous voulez des idées."

JFS: "Défendre le droit des migrants à migrer.

C.GPT: "Merci, c'est parti! Votre demande est lancée."

Moins de deux minutes plus tard j'ai reçu la réponse suivante:

"Voici une idée d'article sur le thème défendre le droit des migrants à migrer.

Titre: La nécessité de reconnaître et de protéger le droit fondamental des migrants à migrer.

Introduction: Dans un monde de plus en plus globalisé, la question des migrations est devenue un enjeu majeur. Les migrants, souvent forcés de quitter leur pays d'origine en raison de conflits, de persécution ou de difficultés économiques,  cherchent une vie meilleure et la sécurité pour eux-mêmes et leur familles. Cet article met en lumière l'importance de reconnaître et de défendre le droit fondamental des migrants à migrer, en soulignant les bénéfices  tant pour les individus que pour les sociétés d'accueil.

Développement: Expliquer les différentes raisons qui poussent les migrants à quitter leur pays d'origine telles que les conflits, les violations des droits de l'homme, la pauvreté. Mettre en avant le fait que la migration est souvent un choix difficile, voire désespéré, et que les migrants méritent d'être traités avec compassion  et respect. Présenter les bénéfices économiques et sociaux que la migration peut apporter aux migrants eux-mêmes, tels que l'amélioration des conditions de vie, l'accès à l'éducation et aux opportunités professionnelles. Mettre en évidence les contributions économiques des migrants dans les sociétés d'accueil, comme la création d'emplois, la diversité culturelle et l'enrichissement de la vie sociale. Discuter des difficultés auxquels les migrants sont confrontés lors de leur voyage, tels que les risques pour leur sécurité, les difficultés administratives et les discriminations. Souligner l'importance de mettre en place des politiques et des mécanismes de protection pour garantir la sécurité et les droits des migrants. Proposer des mesures concrètes pour améliorer la situation des migrants, telles que la ratification et la mise en oeuvre des conventions internationales sur les droits des migrants, la sensibilisation du public et la lutte contre les préjugés et xénophobie.

Conclusion: En reconnaissant et en défendant le droit des migrants à migrer, nous pouvons contribuer à créer un monde plus juste et plus solidaire. Il est essentiel de promouvoir des politiques et des actions qui garantissent la protection des migrants et qui reconnaissent leur contribution précieuse à nos sociétés.

L'expérience pourrait s'arrêter là mais elle a une suite. Il y a un mois le père Gérard Cousin, prêtre du Lot-et-Garonne, m' a offert un livre de réflexion sur la prière. Dans ce livre il est conseillé d'avoir une bible sur sa table de chevet et le soir avant de s'endormir d'ouvrir la bible au hasard  et d'en lire un passage. Voici le texte d'hier soir choisi "au hasard" après avoir terminé d'écrire "Les migrants ne gouvernent pas le monde" :

"Persévérez dans l'amour fraternel.  N'oubliez pas l'hospitalité; car, en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers; de ceux qui sont maltraités, comme étant aussi vous-mêmes dans un corps." (Hébreux 13)

Et si ce n'était pas le hasard qui a guidé ma main? 

jeudi 21 septembre 2023

De l'enchaînement des peurs

 


Il y a d'abord eu la peur de la grippe H1N1. Et un premier appel à une vaccination générale. Puis il y a eu la peur de la maladie de la vache folle et la crainte qu'elle se transmette aux humains. Il y a eu la peur de la grippe aviaire et la crainte qu'elle se transmette à l'homme. Il y a eu la peur du Covid qui n'a pas été une simple grippette. Il y a depuis quelques années maintenant la peur du grand remplacement, la peur de l'Islam. Au moment où j'écris ces lignes montent la peur d'être envahis, submergés par les migrants venus d'Afrique. La peur du réchauffement climatique gagne du terrain. Mon Dieu le ciel va finir par nous tomber sur la tête. Toutes ces peurs successives sont déprimantes, démoralisantes, déstabilisantes. Elles portent atteintes au tissu social, à notre intégrité mentale. Elles menacent nos modes de vie, de penser, d'aimer. (Ne parlons même pas de la guerre Ukraine-Russie.)

En antidote je propose ce qui suit:

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS

"J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.

J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.

J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.

L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;

 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ;

il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;

il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.

L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée.

En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles.

Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé.

Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.

Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.

Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité."

Du livre de Ben Sira le Sage (27, 30 – 28, 7)

« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis »

"Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas."



lundi 18 septembre 2023

Revue de blog: celui de Nicolas Bonnal






 Le 10 septembre 2023, sur son blog "Le saker francophone", Nicolas Bonnal publie des extraits de textes de Michel Debré rapportant des entretiens qu'il a eu avec le général De Gaulle. En voici des passages:

"Nous allons vers l’intégration dans l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte la fin de la France, et je crains aussi que les divisions de l’Occident et l’incapacité américaine ne conduisent notre civilisation au déclin décisif. Je parle d’abord des forces qui poussent à l’intégration européenne : tous ceux qui sont hostiles à l’État, tous ceux qui ne comprennent pas la nécessité d’une pensée et d’une action indépendantes, se précipitent vers la supranationalité parce qu’ils savent, au fond d’eux-mêmes, que la supranationalité, c’est le protectorat américain."

"Le général de Gaulle m’interrompt pour me demander si je crois possible de résister à ces forces. « Il n’y a que vous et moi qui pensons à l’indépendance de la France. » Je lui réponds que nous devons être, en réalité, plus que deux et j’ajoute qu’il y aura tellement de déceptions à la suite de cette politique d’intégration qu’il ne faut pas douter d’être dans la vérité en expliquant qu’il faut faire l’Europe par l’association des Etats et non par la disparition des nations, à commencer par la disparition de la France."

"Entretien du 26 mai 1968 : j’expose au Général que le but de ma visite est de préciser les conditions qui peuvent permettre le succès du référendum. Interruption du Général : « Je ne souhaite pas que le référendum réussisse. La France le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et en face des appétits, des aspirations, en face du fait que toutes les sociétés se contestent elles-mêmes, rien ne peut être fait, pas plus qu’on ne pouvait faire quelque chose contre la rupture du barrage de Fréjus. II n’y aura bientôt plus de gouvernement anglais ; le gouvernement allemand est impuissant; le gouvernement italien sera difficile à faire; même le président des Etats-Unis ne sera bientôt plus qu’un personnage pour la parade. Le monde entier est comme un fleuve qui ne veut pas rencontrer d’obstacle ni même se tenir entre des môles. Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de Son destin."


Source: https://lesakerfrancophone.fr/michel-debre-et-la-fin-peu-brillante-de-la-france-sous-le-general-de-gaulle-citations 

Fiche Wikipédia de Nicolas Bonnal:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Bonnal_(écrivain)

Fiche wikipédia de Michel Debré:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Debré


vendredi 15 septembre 2023

Lu sur Facebook ce matin








J'ai passé une heure à la banque avec mon père ce matin car il a dû faire un transfert d'argent. Je lui ai demandé:

-"Papa, pourquoi n'activerions-nous pas ton compte bancaire sur internet ?"
Il m'a répondu: "Pourquoi ferais-je ça ? "
- "Eh bien, tu n'aurais pas à passer une heure ici pour effectuer un transfert.
Tu pourrais même faire tes achats en ligne. Tout serait si facile alors ! "
J'étais tellement excité à l'idée de l'initier au monde de l’achat sur internet !
Il m'a dit: "Si je fais ça, je ne sortirai pas de la maison ?"
-"Oui, oui ! C’est ça ! "

Je lui ai expliqué comment même l'épicerie pouvait être livrée à sa porte maintenant et aussi que Amazon livre de tout !
Il m'a alors dit: 

-"Depuis que je suis entré dans cette banque aujourd'hui, j'ai rencontré quatre de mes amis, j'ai discuté un moment avec le personnel qui me connaît très bien aussi.
Tu sais que je suis seul... c'est de la compagnie dont j'ai besoin. J’aime me préparer et venir à la banque. C'est le côté sociable dont j'ai besoin.
Il y a deux ans, je suis tombé malade, le propriétaire du magasin à qui j'achète des fruits est venu me voir et s'est assis à mon chevet pour prendre de mes nouvelles et me tenir compagnie.
Quand ta mère est tombée il y a quelques jours pendant sa promenade matinale, notre épicier local l'a vue et a immédiatement pris sa voiture pour la raccompagner étant donner qu’il sait où elle habite.
Aurais-je cette touche ′′ humaine ′′ si tout devenait en ligne ?
Pourquoi voudrais-je que tout soit livré à domicile et me forcer à interagir avec mon ordinateur ?
J’aime apprendre à connaître la personne avec qui j'ai affaire et pas seulement le vendeur. Cela crée des liens, des discussions, des relations humaines.
Est-ce qu'Amazon livre tout ça aussi ?
La technologie n'est pas la vie..
J'ai besoin de passer du temps avec des gens... Pas juste avec des appareils. "

Auteur: inconnu

samedi 9 septembre 2023

Le mariage d'Agnès et Guillaume

 



Le mariage de la pierre et du végétal dans la cour du château de Cantecor à Gaujac, 47.

Danièle et Pierre-Olivier Lafage ont été longtemps enseignants de l'Institution Sainte Marie de Casteljaloux. Ils sont décédés trop jeunes ainsi que leur fille Claire-Marie mais ils restent très présents dans nos coeurs et nos souvenirs. Agnès, leur seconde fille, et Guillaume se sont mariés à Montpouillan le samedi 9 septembre 2023. A l'occasion de leur mariage un texte de Kalil Gibran a été lu, un extrait du livre "Le Prophète". Cet auteur est né au Liban en 1883 et mort au USA en 1931. Il était chrétien, écrivain, poète et peintre. Le texte choisi par les jeunes mariés est un dialogue entre Altmitra, une jeune femme et le Prophète. Dans une première partie il y a des généralités sur l'Amour et dans la deuxième partie il est question de l'Amour dans un couple. Voici l'extrait lu ce jour-là aux invités présents:

Alors Almitra dit: "Parle nous de l’Amour".

Et il leva la tête et posa son regard sur le peuple, et un silence tomba. Et d’une voix puissante, il dit:


Quand l’amour vous fait signe de le suivre, suivez-le,

Bien que ses chemins soient rudes et escarpés.

Et lorsqu’il vous étreint de ses ailes, abandonnez-vous,

Bien que l’épée cachée dans ses pennes puisse vous blesser.

Et quand il parle, croyez en lui,

Bien que sa voix puisse briser vos rêves, comme le vent du nord dévaste le jardin.

[...]

L’Amour ne donne rien que lui-même et il ne prend rien que de lui-même.

L’amour ne possède ni ne peut être possédé,

Car l’amour suffit à l’amour.

Si vous aimez, vous ne direz pas “Dieu est dans mon cœur”, mais plutôt “Je suis dans le cœur de Dieu”.


Et ne pensez pas que vous pourrez diriger le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirigera vos cours.

L’amour n'a pour seul désir que s’accomplir.

Mais si vous aimez et que vous devez avoir des désirs, que vos désirs soient ceux-ci:

Fondre et couler comme un ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.

Connaître la douleur d’un trop plein de tendresse.

Etre blessé par votre propre idée de l’amour;

Et saigner de votre plein gré et avec joie.

Se réveiller à l’aube avec des ailes au coeur et des actions de grâce pour cette nouvelle journée d’amour;

Se reposer à l’heure de midi et méditer sur les transports amoureux;

Rentrer chez soi à la tombée du jour avec reconnaissance;

Et s’endormir alors avec une prière au cœur pour le bien-aimé et un chant de louanges sur les lèvres.

Alors Almitra parla de nouveau et demanda, "Qu’en est-il du Mariage, maître ? "

Et il répondit en disant:

Vous êtes nés ensemble et ensemble vous resterez à jamais.


Vous resterez ensemble quand les ailes blanches de la mort dissiperont vos jours;


Oui vous resterez ensemble  jusque dans la mémoire silencieuse de Dieu.

 

Mais laissez des espaces dans votre unité.


Et laissez les vents célestes danser entre vous.

Aimez-vous l’un l'autre, mais de l’amour ne faites pas des chaînes:

Qu’il soit plutôt une mer se mouvant entre les rives de vos âmes.

Remplissez vos coupes l’un  pour l’autre mais ne buvez pas dans une seule coupe.

Donnez  du pain l’un à l’autre mais ne mordez pas dans le même morceau.

Chantez et dansez ensemble, et soyez joyeux mais que chacun puisse être seul,

Comme sont seules les cordes du luth alors qu’elles vibrent d’une même musique.

Donnez vos coeurs, mais pas la garde l’un de l’autre.

Car seule la Vie peut contenir vos cœurs dans sa main.

Restez l’un avec l’autre, mais pas trop près l’un de l’autre:

Car les piliers du temple sont éloignés entre eux,

Et le chêne et le cyprès ne poussent pas dans l’ombre l’un de l’autre.

Khalil Gibran

dimanche 3 septembre 2023

A force du pire viendra le meilleur ... ou pas

 




La revue Études, intitulée originellement Études de théologie, de philosophie et d’histoire, a été fondée en 1856 sous la direction de deux jésuites, Jean (Ivan) Gagarine (d’origine russe) et Charles Daniel. À l’origine, publication à contenu surtout théologique, elle s’ouvrit au début du XXe siècle à des thématiques plus culturelles.

La parution a été pratiquement continue (mensuelle ou bimensuelle selon les périodes) depuis sa fondation, à l’exception des années 1880-1888 (expulsion des jésuites) et 1940-1944 (occupation allemande).

Au départ d’inspiration plutôt « libérale », la ligne rédactionnelle s’est durcie dans le contexte anticlérical de la fin XIXe-début XXe, puis détendue à partir des années 1920. Dans les querelles qui agitèrent l’Église, comme ce fut le cas pour la « crise moderniste » (1900-1920 environ), la rédaction a toujours tenu à garder une position modérée, s’efforçant d’analyser honnêtement les positions en présence.

Depuis 2000 la revue est intégrée à la Société d'édition de revues, co-entreprise de la Compagnie de Jésus et du groupe Bayard-Presse, propriété des Assomptionnistes. Le rédacteur en chef est toujours un jésuite.

Dans le numéro 4306 de juillet 2023, Corine Pelluchon a écrit un long article sur l'Espérance. 

Corine Pelluchon est une philosophe française, professeur de philosophie à l' université Paris Est de Marne la Vallée. Elle a  56 ans.

Voici un extrait de son article, la partie en accès libre, il faut s'abonner pour le lire en entier:



"On a l’impression que l’avenir est bouché, on ne respire pas, il n’y a plus de possible. On éprouve un sentiment d’accablement et d’impuissance qui éteint le désir de vivre. Cela peut même aller jusqu’au désespoir. Ce dernier a un sens au niveau individuel mais aussi collectif. Dans ce dernier cas, il y a un vide, une absence d’horizon commun qui explique que les individus se replient sur la sphère privée ou qu’ils trouvent refuge dans les récits simplificateurs leur faisant miroiter un destin national héroïque et concevant le commun à la lumière de l’opposition entre amis et ennemis, purs et impurs. Cette situation est très dangereuse. De manière générale, les risques globaux que nous encourons sur les plans environnemental, sanitaire, économique et géopolitique, et l’incertitude dans laquelle nous sommes, rendent les personnes vulnérables à l’idéologie qui est un discours figé, dogmatique. L’espérance, au contraire, est l’attente de quelque chose qui n’est pas totalement déterminé. Elle est la capacité à déchiffrer, dans le chaos du présent et en dépit des catastrophes actuelles et à venir, les signes avant-coureurs d’un nouvel âge qui pourrait ouvrir l’horizon. Cet âge, que j’appelle l’âge du vivant, n’est pas complètement là et il ne sera pas forcément victorieux, mais on peut l’annoncer car il existe des signes témoignant de son émergence. Je pense à l’intérêt d’un nombre croissant de personnes pour le sort des animaux et pour l’écologie, ainsi qu’à leur désir de plus de convivialité. Ces changements sociaux, même s’ils sont épars et qu’ils ont contre eux des forces très puissantes, ont une profondeur qu’il importe d’apprécier.

On le voit, l’espérance n’est pas un trait psychologique. Cette vertu théologale concerne le rapport à un temps qui me dépasse. Charles Péguy la compare à une petite fille qui entraîne ses deux grandes sœurs, la foi et la charité, représentées respectivement sous les traits d’une épouse loyale et d’une mère. Il suggère par cette image que l’espérance n’est pas spectaculaire et que, bien souvent, on ne la remarque pas. En effet, on ne voit pas ce qui pourrait ouvrir l’horizon, soit parce qu’on projette sur l’avenir ses aspirations et ses peurs, soit parce qu’on est obnubilé par ce qui ne va pas.

L’espérance suppose la conscience du mal et la conscience des catastrophes. Elle n’a rien à voir avec l’optimisme, qui est souvent le masque du déni et reflète la croyance illusoire que l’on pourra résoudre tous les problèmes, tout contrôler. Paradoxalement, l’espérance advient quand on a renoncé aux illusions de grandeur et de toute-puissance, et que l’on a perdu tout espoir, que l’on a abandonné les remèdes classiques, les fausses bonnes solutions."

Pour en savoir plus ouvrir le lien suivant:

https://www.revue-etudes.com/article/esperer-malgre-tout/26280

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