dimanche 22 septembre 2024

Point de vue sur la situation présente

 

Le point de vue d’Henri Sterdyniak pour le journal « L’Humanité »

Le néolibéralisme est aujourd’hui la règle pour les pays capitalistes avancés. Les États doivent avoir pour objectif d’assurer l’attractivité de leur pays, qui s’entend comme la capacité d’attirer les capitaux en leur garantissant un taux de rentabilité élevé. La classe dominante, et en particulier sa pointe, les milliardaires, c’est-à-dire les capitalistes, propriétaires, dirigeants des grandes entreprises, joue ainsi sur deux tableaux.

Alors que la République est basée sur le principe égalitaire « un citoyen, une voix », les capitalistes ont une influence prépondérante sur le fonctionnement réel des institutions. Ce sont eux qui choisissent les partis et candidats à financer (comme en témoigne l’élection de Macron en 2022), ce sont ceux qui financent des instituts chargés de diffuser leur idéologie (de l’IFRAP à l’Institut Montaigne), ce sont ceux qui possèdent la totalité des grands médias, du Figaro de Dassault à TF1-LCI de Bouygues, en passant par Les Échos de Bernard Arnault. Ainsi, Vincent Bolloré peut-il mettre son groupe de presse (CNews, Le JDD, Europe n°1) au service de l’extrême droite. Mais, plus insidieusement, ils financent des lobbys qui interviennent au Parlement français et au Parlement européen pour orienter les lois en leur faveur et combattre celles qui menaceraient leurs intérêts : leur combat contre la taxation des transactions financières et ceux contre les réglementations écologiques en sont des exemples.

En matière fiscale, ils ont réussi à faire supprimer l’ISF, à éviter la taxation par l’impôt progressif de leurs revenus du capital et à échapper à une taxation juste de leurs revenus par la tolérance envers leurs holdings patrimoniaux. Contrairement à la Déclaration des droits de l’homme, ils ne contribuent pas aux dépenses publiques selon leur « capacité contributive ».

En même temps, les classes dirigeantes ont instauré la libre circulation des capitaux et des personnes (en fait des riches, pas des migrants) qui permet aux plus riches de choisir, pour eux et pour leurs entreprises, leur fiscalité et leur réglementation. Ainsi, de nombreuses entreprises choisissent de s’immatriculer aux Pays-Bas. Sous la menace de déplacer leurs activités dans un pays plus clément, elles obligent les États à pratiquer la concurrence fiscale (réduire les impôts sur les plus riches et les entreprises) et à tolérer leurs pratiques d’optimisation fiscale. La perte de recettes fiscales creuse les déficits des États et les oblige à réduire leurs dépenses, ce qui nuit à leur cohésion sociale et, à terme, à leur capacité productive.

Les classes dirigeantes disposent d’une nouvelle arme contre un pays qui voudrait réduire leur domination : l’asphyxier par la hausse du taux d’intérêt auquel il s’endette.

Le plus grave est cependant que les classes dirigeantes contrôlent les grandes entreprises et imposent ainsi l’évolution de nos économies, une course effrénée à une croissance qui vise à maintenir leur profit, plutôt qu’un choix social vers une économie sobre, tenant compte des besoins fondamentaux et des contraintes écologiques.

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