mardi 20 septembre 2016
Père Paul Doncoeur.
Sur la place des catholiques face à la république puis je me permettre de rajouter la dernière tentative avortée d’expulsion des congrégations en 1924 par Edouard Herriot (parmi eux, ces Jésuites qui étaient revenus, en 1914, dans le cadre de la mobilisation des exilés… et dont 163 moururent au front, aumôniers de leurs frères combattants…) . Tentative d’expulsion avortée qui trouva notamment face à elle cette fameuse « Lettre Ouverte à Monsieur Herriot », du père Paul Doncoeur… Aumônier militaire Jésuite : Une petite remise en place salutaire. « Nous ne partirons pas! ». C’est une très belle lettre !
«… Alors M. Herriot a fait le grand geste d’ouvrir tout large les deux bras encore sanglants de la France et a donné à tous les misérables leur pardon. Par la porte ouverte on a voulu faire passer tous les coupables et tous les lâches, les insoumis, les déserteurs et les traîtres. S’ils reviennent pour servir et réparer, j’applaudis. Mais cette même porte ouverte aux frontières, le même M. Herriot, du haut de la tribune française, il nous la montre, pauvres bougres de religieux, rentrés le 4 août 1914 pour la bataille.
Eh bien ! Non nous ne partirons pas. Pas un homme, pas un vieillard, pas un novice, pas une femme ne repassera la frontière, cela jamais ! J’ai vécu douze ans en exil, de 22 à 34 ans, toute ma vie d’homme. Je vous le pardonne. Mais le 2 août 1914, à 4 heures du matin, j’étais à genoux chez mon supérieur. C’est demain la guerre, ai-je dit, ma place est au feu. Et mon supérieur m’a béni et m’a embrassé. Par des trains insensés, sans ordre de mobilisation (j’étais réformé), sans livret militaire, j’ai couru au canon, jusqu’à Verdun. Le 20 août, à l’aube, avant la reprise du combat, à la recherche des blessés du 115ème, j’avançais au-delà des petits postes, quand tout à coup, je fus enveloppé par le craquement de vingt fusils, et je vis mon camarade étendu de son long, contre moi, sur la route, la tête broyée. J’ai senti à ce moment que mon cœur protégeait tout mon pays. Jamais je n’avais respiré l’air de France avec cette fierté, ni posé mon pied sur sa terre avec cette assurance.
Je ne comprends pas encore comment je ne fus pas tué alors, ni vingt fois depuis. Le 16 septembre, j’étais prisonnier devant Noyon, en plein combat ; en novembre, j’étais de nouveau en France et en décembre je retrouvais le feu avec la plus belle des divisions, la 14ème de Belfort. Avec elle, je me suis battu trente mois, jusque devant Mézières, le 11 novembre 1918. J’ai été trois fois blessé, je garde toujours sous l’aorte un éclat d’obus reçu dans la Somme… et, démobilisé, j’ai commis le crime de rester chez moi… Et maintenant vous me montrez la porte !
Vous voulez rire M. HERRIOT ! Mais on ne rit pas de ces choses. Jamais, pendant cinquante mois, vous n’êtes venu me trouver, ni à Tracy-le-Val, ni à Grouy, ni à Souain, ni au fort de Vaux, ni à Brimont, ni à la Côte 304, ni à Tahure. Je ne vous ai vu nulle part me parler, et vous osez me faire sortir aujourd’hui ? Vous n’y pensez pas ! Ni moi, entendez-vous, ni aucun autre (car tous ceux qui étaient en âge de se battre se sont battus), ni aucune femme, nous ne reprendrons la route de Belgique. Cela jamais ! Vous ferez ce que vous voudrez, vous prendrez nos maisons, vous nous ouvrirez vos prisons – il s’y trouve en effet des places laissées libres par qui vous savez – soit ! Mais partir comme nous l’avons fait en 1902 ? Jamais !
Nous avons aujourd’hui un peu plus de sang dans les veines, voyez-vous, et puis, soldats de Verdun, nous avons appris aux bons endroits ce que c’est que de s’accrocher à un terrain. Nous n’avons eu peur ni des balles, ni des gaz, ni des plus braves soldats de la Garde ; nous n’aurons pas peur des embusqués de la Politique. Et je vais vous dire maintenant pourquoi nous ne partirons pas. Ce n’est pas de courir au diable qui nous effraie. Nous ne tenons à rien, ni à un toit, ni à un champ. Jésus-Christ nous attend partout et nous suffira toujours au bout du monde. Mais nous ne partirons plus parce que nous ne voulons plus qu’un Belge, ou qu’un Anglais, ou qu’un Américain, ou qu’un Chinois, ou qu’un Allemand, nous rencontrant un jour loin du pays, nous pose certaines questions auxquelles nous répondrions, comme jadis, en baissant la tête : « La France nous a chassés ». Pour l’honneur de la France – entendez-vous ce mot comme je l’entends ? – pour l’honneur de la France, jamais nous ne dirons plus cela à un étranger. Donc nous resterons tous. Nous le jurons sur la tombe de nos morts ! ».
Source: http://www.koztoujours.fr/quand-les-catholiques-posaient-probleme#comments
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Une hache de guerre qui n'est pas encore définitivement enterrée et que paradoxalement on essaye de l'oublier quand la caution catho arrange ces bouffeurs de curés !
RépondreSupprimerVous êtes en forme! :-)
SupprimerA t-il regretté son pétinisme ?
RépondreSupprimerNon je ne le pense pas. Sa fiche wikipédia ne le dit pas en tous les cas.
RépondreSupprimerhttp://religion-gaulmyn.blogs.la-croix.com/quand-francois-hollande-redecouvre-linteret-de-la-religion/2016/08/05/
RépondreSupprimerMi bémol
Merci de ce lien que je viens de lire en entier car je l'avais survolé à sa parution. Hier soir j'ai assisté à la messe de 18h au monastère des Clarisses à Lavaur dans le Tarn. Nous étions 32 et ce que j'ai aimé c'est la présence de jeunes couples et de jeunes femmes et de jeunes hommes. C'était très apaisant et réconfortant par la présence du groupe et l'environnement de la salle qui nous accueillait et les chants des religieuses. Et la messe du vieux prêtre pleine de sens.
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