posté par Une sédition intellectuelle ? le 5 octobre 2015 Á 4:42 sur le lien suivant:http://philosophe-chretien.blogs.la-croix.com/islam-de-france-la-lecon-politique-de-pierre-manent/2015/10/02/
Le déchaînement de haine que suscite la publication de ce livre chez tous, sauf chez les chrétiens (et chez Régis Debray ! nous sommes sauvés) est significative.
Que montre-t-elle ? D’abord, que le conformisme de pensée, le « politically correct », la normativité intellectuelle, aujourd’hui en France, c’est la haine de l’Islam – haine inculte il va sans dire, car tous ses gens n’ont pas dû lire un seul texte islamique de leur vie, tout ignorer des mystiques islamiques, du droit coranique et du reste. Ils parlent sans savoir ; c’est une des habitudes des intellectuels français.
Ensuite, que l’aronien, le « raisonnable », le lucide/modéré/pragmatique, sera toujours malheureux en France. Peut-être un fond d’antiréalisme catholique… Ou alors une façon de prendre son idiosyncrasie pour la vérité du monde. Aron se faisait insulter quand il parlait du stalinisme comme de l’ »opium des intellectuels » ; quand il voyait dans Mai 68 « une révolution introuvable », etc. Car les passions collectives, en ce temps, et surtout celles des clercs, étaient farouchement égalitaires, et que le désir allait si fort dans le sens de cette égalité (quitte à accepter le Mal), que tout rappel à la raison était vilipendé. La raison dans l’Histoire ne gagne jamais, car les hommes ne sont pas raisonnables.
Aujourd’hui, le fondamentalisme n’est plus communiste ; il est libéral-libertaire, hédoniste, consumériste et violemment régressif sous ses atours de « société des droits » (en fait, tout le contraire : cette « libération » indéfinie aboutit au contraire d’un Etat de droit, car elle refuse toute limite, et donc bientôt toute altérité). Le rappel à la raison des S.A. libertaires est aussi douloureux ; la haine envers Manent est exactement celle qui sévissait jadis contre Aron. Autrefois, il s’agissait de trouver que les étudiants chinois dévorant leurs professeurs étaient un comble de révolte et de civilisation (et qui le contestait était persécuté) ; aujourd’hui, il s’agit de trouver qu’un couple (cela s’est produit récemment aux USA) qui refuse… un gâteau à deux femmes qui souhaitent se « marier », paie une amende de 150.000 dollars est normal. Même barbarie ; jadis sous sceau égalitaire, aujourd’hui sous sceau libertaire, même déchaînement des pulsions les plus bestiales, des fantasmes les plus monstrueux.
Je sens un frémissement chez plusieurs intellectuels (Todd, Debray, Manent) dans le bon sens. Je crois que beaucoup se rendent compte que la « caserne libertaire » dans laquelle nous sommes enfermés est sinistre, et qu’elle même à tout sauf à la constitution de sujets, d’individus libres, responsables, cultivés, raisonnables, bref humanisés ; qu’elle laisse l’homme à son fantasme, à savoir à sa barbarie. Ce frémissement est sain ; espérons qu’il puisse avoir des répercussions dans le peuple.
Une dissertation de haute volée ou voltige ici comme dans la référence toujours très select, de La Croix, à laquelle vous renvoyez les lecteurs ! Il faut bcp d'énergie, en effet, pour vaincre les inerties des a priori basés sur les "on dit", "je connais un tel qui..." le prêt à penser populaire que d'aucuns exploitent allègrement, etc. Mi♭
posté par Une sédition intellectuelle ? le 5 octobre 2015 Á 4:42 sur le lien suivant:http://philosophe-chretien.blogs.la-croix.com/islam-de-france-la-lecon-politique-de-pierre-manent/2015/10/02/
RépondreSupprimerLe déchaînement de haine que suscite la publication de ce livre chez tous, sauf chez les chrétiens (et chez Régis Debray ! nous sommes sauvés) est significative.
Que montre-t-elle ? D’abord, que le conformisme de pensée, le « politically correct », la normativité intellectuelle, aujourd’hui en France, c’est la haine de l’Islam – haine inculte il va sans dire, car tous ses gens n’ont pas dû lire un seul texte islamique de leur vie, tout ignorer des mystiques islamiques, du droit coranique et du reste. Ils parlent sans savoir ; c’est une des habitudes des intellectuels français.
Ensuite, que l’aronien, le « raisonnable », le lucide/modéré/pragmatique, sera toujours malheureux en France. Peut-être un fond d’antiréalisme catholique… Ou alors une façon de prendre son idiosyncrasie pour la vérité du monde. Aron se faisait insulter quand il parlait du stalinisme comme de l’ »opium des intellectuels » ; quand il voyait dans Mai 68 « une révolution introuvable », etc. Car les passions collectives, en ce temps, et surtout celles des clercs, étaient farouchement égalitaires, et que le désir allait si fort dans le sens de cette égalité (quitte à accepter le Mal), que tout rappel à la raison était vilipendé. La raison dans l’Histoire ne gagne jamais, car les hommes ne sont pas raisonnables.
Aujourd’hui, le fondamentalisme n’est plus communiste ; il est libéral-libertaire, hédoniste, consumériste et violemment régressif sous ses atours de « société des droits » (en fait, tout le contraire : cette « libération » indéfinie aboutit au contraire d’un Etat de droit, car elle refuse toute limite, et donc bientôt toute altérité). Le rappel à la raison des S.A. libertaires est aussi douloureux ; la haine envers Manent est exactement celle qui sévissait jadis contre Aron. Autrefois, il s’agissait de trouver que les étudiants chinois dévorant leurs professeurs étaient un comble de révolte et de civilisation (et qui le contestait était persécuté) ; aujourd’hui, il s’agit de trouver qu’un couple (cela s’est produit récemment aux USA) qui refuse… un gâteau à deux femmes qui souhaitent se « marier », paie une amende de 150.000 dollars est normal. Même barbarie ; jadis sous sceau égalitaire, aujourd’hui sous sceau libertaire, même déchaînement des pulsions les plus bestiales, des fantasmes les plus monstrueux.
Je sens un frémissement chez plusieurs intellectuels (Todd, Debray, Manent) dans le bon sens. Je crois que beaucoup se rendent compte que la « caserne libertaire » dans laquelle nous sommes enfermés est sinistre, et qu’elle même à tout sauf à la constitution de sujets, d’individus libres, responsables, cultivés, raisonnables, bref humanisés ; qu’elle laisse l’homme à son fantasme, à savoir à sa barbarie. Ce frémissement est sain ; espérons qu’il puisse avoir des répercussions dans le peuple.
Une dissertation de haute volée ou voltige ici comme dans la référence toujours très select, de La Croix, à laquelle vous renvoyez les lecteurs ! Il faut bcp d'énergie, en effet, pour vaincre les inerties des a priori basés sur les "on dit", "je connais un tel qui..." le prêt à penser populaire que d'aucuns exploitent allègrement, etc. Mi♭
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