"Aujourd'hui, l'Europe est la seule civilisation où il n'y a pas de rites d'initiation, où on a oublié le passage de l'adolescence à la maturité. Personne n'accompagne les adolescents, on ignore leur immense besoin d'idéaux, personne ne leur offre la possibilité d'accomplir un service pour les autres, dans leur pays ou à l'étranger. Le monde des jeunes est à l'abandon. Une partie glisse vers l'indifférence, certaines se tournent vers diverses spiritualités tandis que d'autres se précipitent vers le "mal radical" (...) ou vers la tendance à l'autodestruction exprimée par la toxicomanie, des maladies psychosomatiques ou d'autres formes de malaise. C'est le phénomène de la dés-errance. Refus de la famille, refus de se socialiser, refus de l'école, du travail, de la formation professionnelle. A la fin ces jeunes ne connaissent pas la différence entre le bien et le mal, entre moi et toi, entre qui je suis moi et qui est l'autre. Ils ne respectent ni les autres ni eux-mêmes et sont les proies faciles pour les extrémismes violents. Tout cela est un défi pour l'Europe, pour les politiciens qui ne voient pas l'urgence du phénomène, pour les humanismes laïcs et religieux."
Julia Kristeva citée par Marco Politi dans son livre "François parmi les loups", pages 105/106.
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