mardi 11 novembre 2014

Le capitalisme a mis le turbo.

 Je ne suis jamais allé en fac. Je ne connais rien à l’économie. Je fonctionne sur un principe appris d’un vieux militant communiste: dépenser moins qu'on ne gagne. En lisant « Lumière du Monde », le livre d’entretien entre Benoît XVI et un journaliste allemand, j’ai relevé deux expressions du pape retraité: il parle de la médiocrité de la société de rapacité et il parle de turbo-capitalisme. Né en 1953, j’ai l’impression que nos conditions de vie se sont améliorées depuis mon enfance et qu’on vit mieux aujourd’hui qu’avant. Se faire soigner les dents, les yeux, se faire opérer, s’habiller, se chauffer, travailler, se promener, se divertir, se loger, étudier, c’est mieux qu’avant. Je voyage peu et principalement en France. Toutes les communes ont leur salle des fêtes, de jolies mairies, de jolies écoles, des stades, des piscines, de beaux cimetières, de belles églises, de beaux lotissements, des ponts magnifiques etc…etc… Il y a eu 70 ans de paix et ça se voit. Je suis baba devant la richesse de nos ports de plaisance et de nos parkings de grandes surfaces, grandes surfaces véritables cavernes d’Ali Baba. Mais lorsque je discute dans la ville où j’habite avec les responsables des restos du coeur, du secours populaire et du secours catholique, ils me tiennent tous le même discours: nous avons de plus en plus de personnes qui viennent nous voir et certaines sont réellement en grandes difficultés. Dans mon enfance 80% des Français vivaient à la campagne et 20 en ville. Aujourd’hui c’est le contraire et on voit de plus en plus de personnes sans toit, sans jardin, sans clapier, sans poulailler, en survie grâce aux associations citées ci-dessus. Mon sentiment c’est que tant qu’il y a eu un bloc communiste la construction européenne s’est faite avec l’aide américaine pour présenter une Europe vitrine d’un capitalisme « tempéré ». Depuis la fin de la guerre froide c’est la guerre chaude un peut partout avec une fuite en avant dans une succession de conflits avec des effets dominos d’un conflit à l’autre et un turbo-capitalisme qui détricote le code du travail sous prétexte que dans le cadre de la mondialisation il nous faut être « compétitif ». La révolution française a mis les paysans, les ouvriers, les artisans en grandes difficultés. La loi Le Chapelier leur a interdit de se grouper, de s’organiser. Il a fallu attendre 100 ans pour que soient autorisés les syndicats puis attendre 100 de plus pour que les luttes syndicales permettent un niveau de vie correct à celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. La mondialisation nous met en difficultés, abolit l’ordre mondial mis en place au sortir de la seconde guerre mondiale. Et pour l’instant nous n’arrivons pas à nous organiser au niveau mondial pour résister et faire autrement. J’espère que l’accélération du temps à laquelle nous assistons accélérera aussi les réactions aux mauvais côtés des changements en cours. Pour l’instant nous subissons les dérives d’un système économique mondial qui échappe à tout contrôle. Et le turbo capitalisme porte à nouveau en lui la guerre comme le ciel porte les nuages.

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