samedi 15 juin 2024

La machine à cauchemars

 


"La peinture de Goya nous apprend que les monstres sont partout. Ils se tapissent parmi les inquisiteurs, les militaires, les sorcières, les vieilles croyances ou les modernes espérances; dans le rire, dans les paroles de chansons, dans les fêtes, sous la lune et en plein jour.  La peinture de Goya nous apprend que, quoi qu'il arrive, l'humanité produit et produira du monstrueux, qu'elle est une machine à cauchemars. C'est effrayant, mais la peinture de Goya nous apprend aussi à l'admettre, à nous montrer lucides sur notre part d'ombre. (...) Dans sa plus célèbre gravure, Goya dessine un homme accablé à son secrétaire, assailli par des rapaces nocturnes. L'estampe est titrée en espagnol "El sueño de la gazon produce monstruos". Le terme "sueño" est ambivalent. Il peut vouloir dire que le sommeil de la raison engendre des monstres (...). Mais "sueño" peut aussi vouloir dire que le rêve de la raison engendre des monstres."

Source: "Les yeux de Mona" de Thomas Schlesser chez Albin Michel pages 168/169.

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