mardi 15 octobre 2024

Le livre de l'intranquilité.

 


Court extrait de ce livre que je n'ai pas lu mais dont j'ai entendu parler:

"Vivre, c’est être autre. Et sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti hier : sentir aujourd’hui la même chose qu’hier, cela n’est pas sentir – c’est se souvenir aujourd’hui de ce que l’on a ressenti hier, c’est être aujourd’hui le vivant cadavre de ce qui fut hier la vie, désormais perdue.

  Tout effacer sur le tableau, du jour au lendemain, se retrouver neuf à chaque aurore, dans une revirginité perpétuelle de l’émotion – voilà, et voilà seulement ce qu’il vaut la peine d’être, ou d’avoir, pour être ou avoir ce qu’imparfaitement nous sommes.

  Cette aurore est la première du monde. Jamais encore cette teinte rose, virant délicatement vers le jaune, puis un blanc chaud, ne s’est ainsi posée sur ces visages que les maisons du côté ouest, avec leurs vitres comme des milliers d’yeux, offrent au silence qui s’en vient dans la lumière naissante. Jamais encore une telle heure n’a existé, ni cette lumière, ni cet être qui est le mien. Ce qui a été, demain sera autre, et ce que je verrai sera vu par des yeux recomposés, emplis d’une vision nouvelle.

Collines escarpées de la ville ! Vastes architectures que les flancs abrupts retiennent et amplifient, étagements d’édifices diversement amoncelés, que la lumière entretisse d’ombres et de brûlures – vous n’êtes aujourd’hui, vous n’êtes moi que parce que je vous vois, vous êtes ce que vous ne serez plus demain, et je vous aime, voyageur penché sur le bastingage, comme un navire en mer croise un autre navire, laissant sur son passage des regrets inconnus."

                                                                                                                             

(28 mai 1930)


Fernando António Nogueira Pessoa

Poète portugais (Lisbonne 1888-Lisbonne 1935).

Fernando Pessoa est le plus illustre poète portugais de la première moitié du xxe siècle et l'une des personnalités les plus complexes de la littérature européenne moderne. Il n'a, de son vivant, publié que fort peu et son influence ne s'est affirmée qu'après sa mort.

Source: 

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fernando_Ant%C3%B3nio_Nogueira_Pessoa/137760



Lac de Clarens.

 


                                                 "Plus ça va, plus je comprends la pêche."


                                                                    Philippe Jaminet

Paysan de Dieu

 


"Paysan de Dieu" est un livre que je n'ai pas lu. Il m'a été conseillé par un paroissien de Notre Dame de l'Avance. (Lot-et-Garonne). Voici ce qu'écrit la maison d'édition Albin Michel qui l'a publié:

"François Cassingena-Trévedy, retiré au cœur de l’Auvergne après des décennies de vie monacale en abbayes bénédictines, nous livre ici un journal de bord singulier, rythmé autant par "les  travaux et les jours " d’un peuple de hautes terres – celui du plateau du Cézallier dans le Cantal – que par la succession des fêtes de l’année liturgique. 

Au fil des pages, le lecteur comprend qu’il y a ici adéquation, sinon équivalence, entre le temps ordinaire des tâches les plus humbles, soumises aux aléas des saisons et des bêtes, et le temps liturgique qui élève l’âme par ses rites et ses chants. L’étable apparait alors "aussi sacrée que l’église", la traite devient un "exercice cultuel", et la bouse "la matière d’un poème"

Aucune provocation dans ces formules surprenantes, seulement le vécu d’un moine qui a choisi de s’engager dans la condition paysanne, comme jadis la philosophe Simone Weil avait voulu embrasser la condition ouvrière. Ce faisant, il participe par son écriture poétique à la promotion d’un monde rural aujourd’hui éprouvé, et à la réhabilitation du nom de "paysan" qu’il va jusqu’à attribuer à ce "Dieu caché" auquel il destine quotidiennement ses mélodies grégoriennes."

Pour celles et ceux qui peuvent se connecter sur internet il est possible de voir et d'écouter frère François Cassingena-Trévedy sur You tube en version courte sur le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=YeLFWu86w4s

En version plus longue sur le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=kSoAT0YBfiY


vendredi 11 octobre 2024

Au cinéma de Casteljaloux

 

             

                                                                 Francis Macary

Le CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne nous invite à assister à la projection du film "Bienveillance paysanne" au cinéma l'Odyssée de Casteljaloux le Jeudi 14 novembre 2024 à 20h30. 

Ce film est un bel hommage au métier de paysanne et de paysan. L’intention de ce documentaire est de promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement, des bêtes et des humains. Circuits courts, agroforesterie, passage en bio, agriculture durable, sont les thématiques abordées. Le message est positif et laisse entendre qu’il est possible de produire différemment.

En fin de projection des bénévoles du CCFD Terre Solidaire et de l'ONG AVSF nous inviteront à échanger nos impressions sur ce film et sur les thèmes abordés dans ce documentaire.

Francis Macary sera présent avec nous. Il est Ingénieur agronome. Il est également correspondant régional Nouvelle-Aquitaine pour l’ONG AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières,) laquelle œuvre depuis un demi-siècle dans 22 pays en Asie, Afrique, Amérique latine et centrale, pour le soutien de l’agriculture paysanne et le respect du droit des paysannes-paysans sur leurs terres.

Il répondra à nos questions.


Nous terminerons notre rencontre par des soupes partagées.


jeudi 10 octobre 2024

Peurs croisées

 

Avec la sanglante incursion du Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien et les terribles massacres commis par ses troupes, immédiatement suivis par une riposte israélienne d’une ampleur, d’une durée et d’un coût humain inédits, le conflit israélo-palestinien a changé d’échelle et de nature. Il a peut-être aussi changé d’avenir. Davantage que dans toute autre situation coloniale, la dimension passionnelle de cet affrontement reste, depuis la création de l’État d’Israël en 1948, une donnée politique. On a beaucoup cité la haine. C’est souvent la peur qui l’engendre. Des deux côtés, israélien comme palestinien, la seconde plus que la première structure les mémoires collectives et leurs récits.

Lire l'intégralité du texte de Sophie Bessis sur le lien ci-dessous:


vendredi 4 octobre 2024

Nouvelles d'Alep

 


Chers amis, vous voudrez bien trouver ci-joint la Lettre 49 d’Alep rédigée par Frère Georges. Merci infiniment de votre soutien sans faille. 

En toute amitié. Françoise Parmentier

https://www.decitre.fr/livres/le-care-9782249624087.html?srsltid=AfmBOooqkKL_7SIL7bUOBuCfvJq9omhBP1O6K7Cs6ogFZgVkgKyu6OZ8


Lettre d’Alep No 49 (1er octobre 2024)

Tenir notre lampe allumée

Chers Amis

Vers la fin du printemps, toutes les nouvelles concernant la situation au Moyen –

Orient, annonçaient un été très chaud ; chaud par son climat mais surtout chaud par un

possible éclatement d’une guerre au Sud du Liban et qui irait de pair avec la situation

dramatique de Gaza. Israël promettait de bombarder le Liban et donc l’aéroport de

Beyrouth.

Pour beaucoup de Syriens émigrés qui comptaient venir en visite au pays, c’était une

menace réelle avec plein de questions : « Est-il raisonnable d’acheter à l’avance des

billets à destination de la Syrie via l’aéroport de Beyrouth ? »

Il faut dire que les compagnies aériennes n’atterrissent pas à Damas, à cause des

sanctions internationales contre la Syrie. Cela signifie qu’un voyageur qui veut venir

en Syrie doit passer par l’aéroport de Beyrouth puis prendre un taxi vers la Syrie. Et de

même pour le retour. Donc toute menace contre l’aéroport de Beyrouth représente une

inquiétude très grande.

Il nous fallait beaucoup de dialogue avec nos amis syriens ou des représentants

d’associations internationales amies qui avaient l’intention de nous visiter pour les

convaincre d’aller de l’avant dans leur décision. Mais, il restait encore une autre

menace, celle des bombardements effectués par Israël contre des villes syriennes. Là

aussi, il nous fallait tranquilliser et inviter à prendre le risque de venir.

Malheureusement, les opérations militaires de la semaine dernière ont donné raison

aux pronostics les plus pessimistes : Un automne chaud, très chaud, un enfer… Un

automne qui se prolonge et qui est en train de changer la configuration du Moyen

Orient. Un automne qui nous laisse dans un sable mouvant de souffrance, de peur, de

destruction et surtout un sentiment d’inquiétude pour l’avenir.

Un million de déplacés internes en une semaine. Voici les premières estimations

provenant du Liban. Certains ont préféré traverser la frontière pour passer en Syrie.

D’autres cherchent à rejoindre leurs pays de résidence par voie maritime…

Sommes-nous condamnés à être une population en exode ? Sommes-nous condamnés

à perdre nos biens, nos foyers, nos territoires pour être à la merci des autres ?

Nos enfants sont-ils condamnés à être des sans-logis, sans classes, sans amis,

condamnés à vivre dans l’insécurité ?

Une question qui nous traverse et que je veux partager avec vous….

Qui décide de notre sort ? Quelles sont ces forces du mal qui décident de notre Moyen

Orient ? Nous avons beaucoup de difficultés à planifier, à établir un calendrier précis et prévoir à long terme. Il nous faut accueillir quotidiennement les évènements tels qu’ils se

présentent en acceptant, s’il le faut, de changer les projets programmés.

L’argument principal pour oser prendre des décisions est le « VIVRE AU

QUOTIDIEN ».

La flexibilité et la résilience sont deux facultés importantes pour toute personne vivant

en Syrie ; s’ingénier à s’adapter aux circonstances qui viennent, essayer de voir le bon

côté des choses ; il nous arrive de nous plaindre, d’être fatigués et de nous dire jusqu’à

quand pouvons-nous supporter cette situation qui n’a pas d’issue et qui est sans aucun

horizon. Mais, souvent, l’on entend « Nechkor Allah, Hamdullillah ». Une expression

de gratitude et de confiance… D’où vient cette force intérieure qui permet à la personne

de dire Merci quand sa propre situation est critique. Ce n’est pas une résignation mais

un acte de Foi. Ce n’est pas une indifférence mais une acceptation de la réalité dans

une totale confiance en Dieu. Demain sera meilleur Inchallah.

Cette Foi inébranlable est un héritage reçu de nos parents qui nous ont éduqués à faire

confiance à Dieu et à avancer.

Heureusement que cette dynamique vitale permet aux Maristes Bleus de réaliser toutes

leurs activités avec sérénité et enthousiasme, comptant sur la Providence qui nous

comble de ses grâces. Nous croyons profondément que le Seigneur nous a toujours

précédés sur le chemin de la solidarité. Nous sommes témoins que l’amour de Dieu, sa

volonté et sa tendresse veillent sur nous et nous bénissent. Nous pouvons répéter avec

Marie, notre Bonne Mère : « Le Seigneur fit pour nous des merveilles. »

Cette année a été marquée par la formation des cadres et des futurs cadres des Maristes

Bleus. Ils ont suivi plusieurs sessions de formation organisées au niveau local ou en

collaboration avec les Maristes du Liban, Un groupe de 7 responsables de projet a

participé à des formations sur le thème du leadership que ça soit en présentielle au

Liban ou par internet.

De même, en vue de discerner l’avenir et de prendre les décisions nécessaires pour

assurer la relève, les responsables des projets ont réalisé une analyse SWOT de la

réalité des Maristes Bleus.

Assurer la relève, voilà bien un thème qui nous a demandé beaucoup de réflexion, de

partage et de prière.

Nous sommes tous convaincus que la Mission des Maristes Bleus à Alep est plus

qu’actuelle. Les besoins sont énormes et à tous les niveaux. Les Maristes Bleus

assurent un service de solidarité exemplaire et qui mérite de continuer.Nous sommes tous convaincus qu’il est temps de réaliser cette relève qui est un acte de foi en Dieu et en de nouvelles générations de leaders qui maintiendraient l’esprit de la Mission des Maristes Bleus et animeraient les différents projets.

Ce fut un choix de continuité qui demande une symbiose entre l’hier et le demain.

Ce fut un temps de lecture de ce qui a été vécu depuis la fondation des Maristes Bleus

en 2012.

Ce fut un temps pour confier l’avenir en le mettant entre les mains de Marie, notre

Bonne Mère ; avec beaucoup de sérénité et d’espérance.

Cette sérénité et cette espérance nous ont conduit à choisir trois personnes pour

constituer la nouvelle équipe de direction des Maristes Bleus. En effet, depuis le

premier septembre 2024, Adel JANJI, Bahjat AZRIEH et Lina LAWAND ont pris la

relève. Nous avons confiance en leur esprit Mariste, leur sens de la solidarité et leur

capacité d’agir en équipe. Nous, Leyla, Nabil et moi, continuerons à les accompagner

pour un temps de transition.

Certains de nos programmes ont déjà commencé depuis le 1er septembre. Les

programmes éducatifs débuteront aujourd’hui le mardi 1er octobre. Ainsi, les Maristes

Bleus continuent d’être cette lueur d’Esperance, en choisissant de mettre toutes nos

capacités au service d’une population en plein désarroi.

Il y a quelques jours, je postais sur Facebook cette prière :

Qui suis-je pour t'héberger, toi l’étranger ?

Qui suis-je pour que mon cœur déborde de sympathie pour ta condition humaine, toi

l’étranger ?

Qui suis-je pour perdre mon temps précieux à écouter les sombres soupirs de ta vie,

toi l’étranger ?

Qui suis-je pour accepter que toi l’étranger, tu partages avec moi l'espace de ma

stabilité et de ma tranquillité...

Qui suis-je, Seigneur, pour que tu traverses ma vie d'étranger, de faible, de réfugié,

d'opprimé, de jeté sur le bord de la route de ce monde fou ?

Une voix en moi murmure :

“Tu es mon fils bien-aimé...”

Ce n’est qu’un au revoir !

Alep le 1er octobre 2024

Fr. Georges Sabe

Pour les Maristes Bleus

https://oeuvre-orient.fr/les-lettres-dalep-de-nabil-antaki-et-georges-sabe/