jf.sadys/a.lugardon dit :
En 1968, j’avais 15 ans. J’étais interne dans le Lycée où Alain Juppé était externe. Nous ne nous sommes jamais parlés et rencontrés.
J’ai participé à toutes les manifs dans Mont-de-Marsan auxquelles j’ai pu participer avant que le Lycée ne ferme l’internat et nous rende à nos parents respectifs.
J’ai beaucoup aimé Mai 68. J’ai vu le monde des adultes vaciller. Je l’ai vu de mes yeux vus et ça m’a beaucoup plu. Plus tard j’ai pris conscience des côtés négatifs de Mai 68. Pour les adultes anciens déportés et résistants nous étions probablement décevants et blessants. Il y avait une forme de romantisme dans mai 68. Nous allions faire mieux que nos parents, inventer le monde de demain. Assez vite tout est rentré dans l’ordre. L’argent et le sexe ont façonné le monde d’aujourd’hui. De la tuberculose , de la syphilis et de l’alcoolisme nous sommes passés aux drogues douces et dures et au sida. Mai 68 a été une révolte contre le père de la nation. Une révolution manquée mais qui n’a fait aucun mort et n’a donné naissance à aucun nouveaux tyrans. Nous sommes passés à une société sans père et sans repères.
Aujourd’hui je perçois ce qui se passe comme un enchaînement d’insurrections ne visant pas un vieux chef d’Etat mais une personne arrogante, suffisante, imbue d’elle même. Je ne sens pas de projet politique, de romantisme révolutionnaire mais de la colère, de la rage et … du désespoir.
La suite ou pas de ce premier texte en fonction des jours et des semaines à venir…